Depuis plus de 10 ans, Helpsimus se bat pour préserver à Madagascar l’une des plus grandes populations sauvages de grands hapalémurs (Prolemur simus), une espèce classée en danger critique d’extinction sur la Liste Rouge de l’UICN et dont les effectifs sont aujourd’hui estimés à environ 1500 spécimens.
Nous travaillons non loin du Parc National de Ranomafana mais dans une zone non protégée et surtout fortement anthropisée puisque située sur les terres agricoles de plusieurs villages où nous suivons et protégeons actuellement près de 500 grands hapalémurs (soit environ 1/3 de la population globale sauvage). Leur habitat, constitué de forêts de bambou dont ils se nourrissent quasi exclusivement, y est particulièrement fragmenté par l’agriculture sur brûlis appelée « tavy ».
Notre objectif principal consiste à trouver un équilibre entre les besoins des hommes et ceux des lémuriens afin que tous cohabitent harmonieusement, tout en garantissant une gestion pérenne des ressources naturelles et un développement durable des communautés humaines. Pour y parvenir, nous avons mis en place une double stratégie : d’une part, nous cherchons à protéger l’habitat des lémuriens, et d’autre part nous aidons les communautés locales à développer des sources de revenus alternatives leur permettant de réduire les défrichements et la pression qu’ils exercent sur leur environnement.
Dans la zone où nous intervenons, la protection de l’habitat passe par la création d’associations villageoises appelées VOI. Leur objectif ? Identifier les zones à protéger en priorité et celles où les activités humaines peuvent se développer afin de définir un plan d’aménagement global de la zone. Nous avons déjà mis en place 3 VOI : Miaradia, Samivar et Manirisoa, ce dernier étant en cours d’officialisation. Leurs plans d’aménagement ont permis d’élever plus de 700 hectares de forêt en zones de conservation et de restauration. Constituées de fragments forestiers plus ou moins dégradés, ces zones abritent aussi des portions de forêt primaire où subsiste une diversité biologique exceptionnelle !
Notre programme de reforestation lancé en 2018 s’attache à restaurer les parties les plus dégradées des fragments de forêt présents sur le site et à aménager des corridors entre ces différents fragments de façon à assurer la continuité de l’habitat des lémuriens. Nous avons créé 2 pépinières et une 3ème verra le jour très prochainement. En 2019, plus de 6000 plants d’une vingtaine d’espèces forestières différentes ont été plantés !
Parallèlement, nous cherchons à augmenter le niveau de vie des villageois afin qu’ils cessent de défricher les terres localisées sur le territoire des groupes de lémuriens. Ainsi, nous avons déjà formé plus d’une centaine de familles au Système de Riziculture Améliorée (SRA) qui permet de multiplier par 2 les rendements des rizières. Nous cherchons également à améliorer l’irrigation des cultures dont dépendent directement les résultats du SRA. En 2019, des canaux d’irrigation ont été aménagés ou rénovés ce qui a permis aux bénéficiaires du SRA du VOI Miaradia de pratiquer cette technique en 2020 malgré les fortes inondations qui ont frappé la région.
Les cultures maraîchères, peu développées jusqu’ici, sont désormais un autre axe de développement important avec plus d’une quinzaine de variétés cultivées par 250 familles participant au programme. Enfin, nous avons démarré un programme de pisciculture qui regroupe pour l’instant une quinzaine de familles participantes.
Nous créons aussi de nouvelles Activités Génératrices de Revenus : formations à la fabrication d’artisanat (bijoux, sculptures, broderie…) destinées en priorité aux femmes et développement d’un projet d’écotourisme. Celui-ci permettra aux visiteurs de partir à la rencontre des grands hapalémurs dans deux fragments forestiers des VOI Samivar et Manirisoa. Nos inventaires faunistiques et floristiques (toujours en cours) ont déjà permis de révéler la présence d’espèces animales et végétales riches et diversifiées parmi lesquelles 5 autres espèces de lémuriens, des oiseaux, des petits mammifères, des reptiles…
Les résultats que nous avons obtenus pour l’instant sont plus qu’encourageants : nous remarquons une implication accrue des communautés locales dans les actions que nous mettons en place, gage d’une confiance qui se renforce, et l’accompagnement que nous proposons semble répondre à leurs attentes. Une lueur d’espoir pour l’avenir de cette population unique de grands hapalémurs au sein de laquelle nous avons recensé 80 naissances en 2019 !
Ce projet est cofinancé par l’UICN Save Our Species. Le contenu de cet article relève de la seule responsabilité d’Helpsimus et ne reflète pas nécessairement les vues de l’UICN.