La population de grands hapalémurs que nous protégeons évolue dans un environnement très dégradé et fortement anthropisé composé de terres agricoles, de forêts de bambous et de petites portions de forêts rémanentes.
Au moment de la création des VOI (associations villageoises), l’écotourisme a été identifié comme un moyen de valorisation de la biodiversité et de développement de l’économie locale.
Ainsi, depuis 2018, nous développons un projet d’écotourisme dans l’un des fragments forestiers de Sahofika sur le territoire du Groupe 5 de grands hapalémurs.
Ce fragment forestier qui dépend du VOI SAMIVAR, borde la piste d’accès au village de Sahofika. Il est situé à une dizaine de km de la ville d’Ifanadiana.
Le Groupe 5, composé de plus d’une soixantaine de grands hapalémurs, partage son territoire avec une famille de lémurs à ventre roux dont l’habituation a démarré en 2018.
Lémur à ventre roux © S. Meys
Un inventaire floristique a montré que le fragment forestier abrite plusieurs essences de bois précieux comme Dalbergia baroni (palissandre) ainsi que des espèces endémiques de Madagascar (Ravenala madagascariensis).
Forêt de Sahofika © D.Roullet
Les inventaires faunistiques en cours confirment la présence de nombreuses espèces animales : microcèbes (Microcebus spp.), cheirogales (Cheirogaleus spp.), mangouste à queue annelé (Galidia elegans), rats forestiers (plusieurs espèces), coua bleu (Coua caerulea), coua de Reynaud (Coua reynaudii), hibou malgache (Asio Madagascariensis) etc.
En octobre 2019, nous avons recruté 3 personnes parmi les membres du VOI SAMIVAR pour devenir guides touristiques. Leur formation qui devait durer 1 année a été prolongée jusqu’en 2022 à cause des confinements liés à la pandémie de Covid-19. En effet sur les 3 stages prévus initialement, les guides touristiques n‘ont pu en terminer qu’un seul pour l’instant dans le Parc national de Ranomafana.
Toutefois, depuis leur recrutement, les guides touristiques participent au suivi des animaux aux côté des agents Helpsimus ce qui leur a permis d’acquérir une bonne connaissance de la flore et de la faune présente dans le fragment forestier de Sahofika.
Francine, Charles et Lova, guides touristiques de Sahofika © S. Meys
De plus, ils sont en charge depuis 2020 de l’habituation d’une femelle hibou repérée en 2017 à Sahofika.
Jeune hibou © S. Meys
Quelques chemins ont été aménagés dans la forêt afin de faciliter la visite. Un bureau d’accueil des touristes a été construit à l’entrée de la forêt et un parking a été aménagé sur le bord de la piste, permettant aux visiteurs de stationner au plus près du bureau d’accueil.
L’entrée de la forêt de Sahofika © S. Meys
Des visites à la journée peuvent être organisées au départ de Ranomafana.
Si ce projet d’écotourisme vise à créer des revenus supplémentaires pour les communautés locales, son principal objectif est de valoriser les zones naturelles dans un site où les activités humaines sont très nombreuses.
La présence d’écotouristes qui feront un long voyage pour arriver jusqu’à Sahofika et visiter cette forêt afin d’y observer les animaux qui y vivent facilitera la prise de conscience par les communautés locales de la richesse de leur biodiversité.
Les écotouristes dont le nombre sera limité (l’accès au site reste difficile) vivront une expérience unique en observant l’un des lémuriens les plus menacés au monde dans des conditions exceptionnelles.
A travers ce projet, nous souhaitons non seulement impliquer à long terme les communautés locales dans la préservation de leur biodiversité mais également les écotouristes chez lesquels nous espérons susciter une envie de s’engager.
En parallèle à la visite de la forêt de Sahofika, nous développons 3 projets artisanaux complètement inédits dans nos villages partenaires :
– Le projet Bijoux en larmes de Job
Une créatrice de bijoux française a créé un bracelet et des boucles d’oreilles avec des graines issues d’une plante appelée « larmes de Job » qui pousse à l’état sauvage dans notre zone d’intervention.
Elle s’est rendue à Madagascar afin de former une douzaine de femmes à la fabrication de ces bijoux. Ceux-ci seront ensuite vendus en Europe sous le nom de la marque qu’elle est en train de créer, ce qui permettra de générer des revenus pérennes pour les femmes.
Quelques femmes fabriquent également les petites boîtes en raphia dans lesquelles sont présentés les bijoux.
– Le projet de sculpture en bois mort
Ce projet est né d’une rencontre à Sahofika avec un jeune homme du village qui sculptait des animaux en bois. Il a sollicité l’appui d’Helpsimus pour l’aider à acquérir des outils adaptés et perfectionner sa technique de sculpture.
Ce sont finalement 3 personnes qui ont bénéficié d’une formation auprès d’un sculpteur professionnel malgache dont la particularité est de réaliser ses sculptures uniquement à partir de morceaux de bois ramassés au sol.
– Le projet de Broderie
Ce projet a été initié en collaboration avec un brodeur de Ranomafana.
Deux femmes du village d’Ambodigoavy qui souhaitaient démarrer une activité similaire ont été invitées à participer à ce projet.
Leur formation a été perturbée par la pandémie mais n’a toutefois pas été complètement interrompue.
Le projet d’origine qui visait à confectionner des sacs brodés a en effet été temporairement réorienté vers la fabrication de masques en tissu dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus.
Elles ont pu ainsi se familiariser avec l’utilisation de leur machine à coudre. De plus, elles sont actuellement formées à la confection de serviettes hygiéniques en tissu. Ces activités annexes leur permettront à terme de ne pas être complètement dépendantes de l’écotourisme.
Les produits artisanaux (excepté les bijoux) seront vendus dans une boutique que nous avons construite à l’entrée du parc national.
Ce local permettra aux artisans de vendre plus facilement leurs produits en les proposant directement aux touristes visitant le Parc national de Ranomafana.
Boutique Helpsimus à Ranomafana © S. Meys
Nous prévoyons également de vendre d’autres produits, en particulier des objets en raphia fabriqués par quelques femmes de nos villages partenaires.
La mise en œuvre de ces différents projets a malheureusement été fortement ralentie par la crise sanitaire. Toutefois, ce délai imposé a bénéficié à leur maturation.
Le fragment forestier de Sahofika devrait être ouvert à la visite en 2022, tout comme la boutique aménagée à l’entrée du parc national.
Ce projet est cofinancé par l’UICN Save Our Species. Le contenu de cet article relève de la seule responsabilité d’Helpsimus et ne reflète pas nécessairement les vues de l’UICN.