Le programme Bamboo Lemur a été initié en 2008 après de la découverte de deux groupes de grands hapalémurs (Groupes 1 et 2), comprenant chacun une vingtaine d’individus à l’époque.
Entre 2008 et 2014, la croissance de la population résulte non seulement de la mise en œuvre des premières mesures de protection, mais également de la découverte de cinq nouveaux groupes.
À partir de 2014, année marquée par l’arrêt des prospections, l’augmentation de la population est exclusivement attribuable aux mesures de protection en place.
Elle est d’ailleurs constante depuis cette date, à l’exception de 2022 où une cinquantaine d’individus n’ont pas été retrouvés à la suite du passage de deux cyclones de forte intensité.
Depuis 2018, le nombre de naissances se situe généralement autour de 70 par an, avec des pics dépassant occasionnellement les 80. Ces chiffres sont exceptionnels, surtout si l’on considère que cette espèce était au bord de l’extinction il y a une quinzaine d’années.
Les Groupes 1 et 2 se distinguent par une croissance exceptionnelle, alors même qu’ils vivent dans la partie de notre zone de conservation la plus impactée par l’activité humaine. Cet endroit, bien que fortement anthropisé, présente une abondance de bambous qui constitue la principale source alimentaire des grands hapalémurs. De plus, le Groupe 2 s’est révélé être le plus prolifique au sein de la population. Il a dépassé occasionnellement les 80 individus, avec des records de naissances (jusqu’à 15 bébés répertoriés en 2018).
Ces 2 groupes ont également subi plusieurs fissions, conduisant à la formation des Groupes 3, 1’ et 1’’ pour le Groupe 1, et des Groupes 2′, 2’’ et 4 pour le groupe 2. Par la suite, les Groupes 1’’ et 4 ont également connu une division, donnant ainsi naissance aux Groupes 1’’’ et 4’.
Les fissions au sein des groupes ont eu diverses origines. Certaines fissions ont été directement liées à des actions humaines, notamment des défrichements importants sur le territoire des lémuriens, ainsi qu’à des chasses aux tenrecs effectuées par les villageois avec l’aide de chiens. D’autres ont été d’origine naturelle, se produisant lorsque les groupes atteignaient une taille dépassant généralement les 60 à 80 individus. Enfin, certaines fissions ont été la conséquence de facteurs climatiques intenses, notamment les deux cyclones survenus en 2022. Ces cyclones ont causé des dommages considérables, détruisant jusqu’à 40 % des forêts de bambou. Cette destruction a eu pour conséquence une diminution significative des ressources alimentaires des grands hapalémurs, entraînant ainsi la dispersion des animaux.
La population de grands hapalémurs directement protégée par Helpsimus vient aujourd’hui de dépasser les 650 individus, répartis au sein de 21 groupes. La taille de ces groupes varie, allant d’un peu moins de 30 à près de 80 individus.
Les 21 groupes sont suivis par une équipe de 30 guides locaux qui ont pour missions :
-de suivre les groupes : localiser les animaux et délimiter leur territoire en utilisant des GPS, effectuer des comptages réguliers pour mettre à jour les inventaires, signaler les menaces telles que la présence de chiens ou de pièges, et rendre compte des attaques des grands hapalémurs dans les cultures.
-de repousser les grands hapalémurs hors des zones de culture.
-d’accompagner les équipes scientifiques.
-de participer aux inventaires et au programme d’éducation environnementale.
En plus des 21 groupes régulièrement suivis, trois nouveaux groupes formés après les cyclones de 2022 et nommés 8′, 8″ et 10, ne font pas l’objet d’un suivi régulier. Ensemble, ces groupes totalisent une trentaine d’individus.
Le site du programme Bamboo Lemur abrite aujourd’hui la plus grande population sauvage de grands hapalémurs. Ce succès est attribuable à notre approche holistique de la conservation qui vise à combattre la pauvreté au sein des populations locales, les rendant ainsi capables de protéger leur biodiversité de manière durable. Le grand hapalémur est actuellement la seule espèce de lémurien dont les populations sont en augmentation. Partant de moins de 100 spécimens en 2008, il est probable que la population dépasse maintenant les 1500 individus à Madagascar. Cependant, malgré cette croissance, l’équilibre demeure fragile, comme démontré en 2022 avec les cyclones. La population de grand hapalémur a néanmoins montré une résilience remarquable face à ces événements, en partie grâce aux mesures mises en place pour limiter les pressions sur son habitat.